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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

samedi, mai 04, 2024

Un anniversaire hors les murs et le début d’un poème tragique

 


Le plaisir des yeux

caressant le bleu profond

revenu matin

ouvrir une housse, repasser comme puis les trois premières robes trouvées, deux chemises et une jupe tout en tournant un peu en rond, en esprit et, fer posé, d’un endroit à l’autre ai fil des idées, et la journée s’est achevée, la fatigue est venue.



J’avais dit que j’irai relever un moment une amie derrière la table de Rosmerta lors de la petite fête pour les 25 ans d’Attac dans un « tiers lieu » hors les murs… mais pendant que je terminais de recopier le début de la traduction par Quignard du poème tragique de Lycophron qui figure en fin de ce billet, un peu avant cinq heures, j’ai en la sensation d’une lumière absentée, et regardant par la fenêtre, me penchant ai vu que le ciel qui avait lentement vitré au blanc était maintenant un étang noir… la météo consultée annonçait un orage, vieilles douleurs m’envahissaient, ai envoyé un mail disant que j’étais lâche et abandonnais.. Immédiatement me suis imaginée tendue entreprise pour que l’eau ne pénètre pas et fureur contre ma lâcheté, ai empoigné canne, sac et blouson et suis sortie voir ce qu’il en était.




Les yeux perdus dans le jeu des gris entre le plomb et la transparence sale, avec quelques espoirs bleus ai avancé jusqu’à me trouver, remparts franchis devant l’impasse menant à mon but initial


en avance et dans les premières à temps pour mettre mon grain de sel pendant que l’amie installait sur notre coin de table des panneaux regroupant de belles photos de Rosmerta, des petits flyers destinés aux éventuelles familles accueillantes 


(ai loupé images… juste réussi presque une de la table voisine de l’association soeur qui loge des familles), de trop piapiater, de rendre visite à la table d’Attac, d’attendre que les gens arrivent en écoutant la très sympathique accordéoniste, de voit arriver une assez forte présence de Rosmerta, et que l’heure venue, Christophe Aguiton, l’un des fondateurs d’Attac prenne la parole, retrace l’était et l’évolution du monde avant 1999, et ls changements d’équilibre intervenus depuis lors… choses intéressantes mais qui, étant donné mon âge, ne m’apprenaient pas grand chose



Et comme, têtue, j’étais restée debout presque tout le temps, comme carcasse murmurait sa révolte future, comme les gens arrivent mais que n’étais vraiment pas utile, m’en suis allée avant débat éventuel et petit bal prévu. Ai attendu un instant le tram qui n’arrivait pas, et suis repartie à pied… 


Et laisse la place à ce que j’avais préparé en débit d’après midi : comme en début de nuit j’avais repris le livre de Poésie/Gallimard réunissant les traductions par Pascal Quignard, avant quelques textes de lui-même qui rappellent les « Petits traités », de Lycophron et Zérès, j’ai l’envie de recopier ici le début de l’Alexandra de Lycophron avant la tempête splendide mais fort obscure d’images violentes, espérant que la longueur de la citation ne soit pas blâmable


Je dirai —

c’est sans détour que je dirai toutes choses, sur quoi tu m’interroges. Je dirai

cela depuis l’origine et dès ce qui culmine. Si la Parole se fait Longueur :

pardon, maître. Çar non pas calme ni lente la fille

aux réponses divines, elle ne desserra pas comme jadis les lèvres, et dès l’abord, vouées d’équivoque — palpitantes :

elle cria, au contraire, elle épanchait un cri qui confond et à quoi on se mêle, — cri improférable

de sa gorge brilla, mâcheuse de laurier, surgissait un langage

mimant si près la voix sonore, répétant la voix dont la question étreint — celle d’un sphinx : assombrissant.


Ce qui me lie par le fait de mon souffle et grâce à ma mémoire

tu vas l’entendre, toi tout-puissant, et resurgissant au plus profond de toi :

compact, alors erre d’un bout à l’autre où le poème fait contrée, erre au travers de ses chemins au dire malheureux, au dire impossible que noue ce que la langue laisse entendre :  à mots couverts : au découvert : de ce qui terriblement l’assigne.

Erre au travers de ses chemins d’un bout à l’autre vers précisément ce lieu: par la direction de quel chemin dressé, tout droit,

ce chemin-ci, chemin de longue pratique sentier usé d’allées et de venues, et si apte au mouvement d’apprendre, guide les pas et où mette les pieds : en l’Obscur.

vendredi, mai 03, 2024

pluie toujours, souvenirs de lecture et une traduction de fragments





Jour de parapluies

de pluie imperceptible

de quelques travaux



Un peu de tâches ménagères faites avec trop de désinvolture, une sortie d’un peu plus d’une heure pour une  formalité et devoir de marcher (sans y mettre l’application qu’indique le mot devoir)… 



et comme, le matin, avais repris et enfin réellement écrit ma contribution, comme puis, au #1 de la boucle 2 de l’atelier de François Bon, je recopie le trop long  #4 de la boucle 1.

Souvenirs de lectures


Je me souviens, dans le bureau de mon grand-père, rue du Printemps à Paris, de sa main extrayant d’un rayon, à mi-hauteur des deux hauts rayonnages tapissant le coin entre la cheminée de banal marbre gris, vaguement directoire | à mes yeux tout au moins | et de la fenêtre sur cour, un livre broché à la couverture blanche cernée d’une bande rouge et me le tendant en me disant, « tu peux piocher dans ces livres, mais je te conseille celui-ci, ça devrait te plaire » et ce fut un éblouissement, la découverte de la gourmandise des mots à travers Edouard Glissant au sortir des Mazo de la Roche, Elizabeth Goudge ou des Maurois, des livres autorisés par ma mère ou même des extraits de classiques qui avaient le charme de ce qu’ils ne contenaient pas.. gourmandise qui m’est restée… quant à ce livre « La Lézarde » ne l’ai jamais relu, Glissant si.

Je me souviens des tomettes de la grande pièce boulevard Michelet à Toulon sur lesquelles je m’étais assise pour ouvrir « la Modification » que venait de terminer, perplexe et pas franchement conquise, ma mère et qu’elle m’avait prêté à ma demande | je viens de médire d’elle, en fait j’aurais sans doute dû plus souvent la solliciter | intriguée par une de ces conversations d’adultes aux lisières desquelles je m’incrustais, je me souviens du chemin de fer, je me souviens surtout de l’écriture qui me hissait, comme l’apparence sérieuse de ce livre, hors de la masse adolescente. Je me souviens du désir qui me venait quand j’entendais les noms de Butor ou Robbe-Grillet (pas encore de Sarraute ou Simon) que je n’ai pu assouvir que plus tard pour ceux qui paraissaient en poche… et justement je me souviens d’un des premiers de ma petite bibliothèque avec Butor encore et « le Passage de Milan ». Je n’ai maintenant aucun des deux et ne les ai pas relus depuis des années.

Je me souviens que la vieille édition brochée de mon père qui avait beaucoup vécu, au point de perdre quelques pages, de « Moby Dick » que m’étais accaparée, que j’ai lue et relue, un peu partout jusqu’au moment où l’ai perdue malgré sa taille je ne sais plus quand ; je me souviens de la découverte et de m’être passionnée pour les pages « scientifiques » en grattant mes jambes poisseuses d’un mélange de sable et de sève de pin, assise sur le toit d’un des blockhaus loués à la Base Aéronavale au Palyvestre là où il y a des immeubles vieillissants à l’arrière de la rangée d’immeubles bordant le port,  implantés là où il y avait la mer et un vague projet de port, et j’étais ravie il y a un an de trouver et acheter un exemplaire « en très mauvais état » presque comme le fugitif. 

Je me souviens des couvertures illustrées des minces livres de poche par lesquels j’ai découvert Sarraute et que je n’ai plus, les ayant remplacés, un peu avant de déménager, par le Pléiade, un de mes rares… acquis parce que c’était elle…

Je me souviens que j’ai lu très tard Proust parce que faisais un blocage et que j’avais décidé, isolée qu’étais dans mon univers de dactylos | ça je m’en étais extirpée | d’agents immobiliers, de gérants et entrepreneurs, que c’était un auteur qu’on ne lisait pas mais dont on parlait vêtu de flanelle grise en buvant du thé et écoutant des pièces pour piano de Chopin… Je me souviens que j’en avais petite curiosité mais que j’ai attendu qu’un peu après mes quarante ans un médecin ami de mes parents décide que je faisais une dépression | maigre à l’extrême étais, avec des crises de tétanie | et qu’on m’embarque pour une « maison de repos » à Pégomas pour mettre dans ma valise « Le côté de Guermantes » avec je ne sais plus quel dialogue de Platon en livres de poche, pensant que ce seraient là lectures solides qui me tiendrait occupée et hors de mon entourage un certain temps. Je me souviens que les découvrant dans ma chambre le jeune psychiatre a considéré que j’étais arrivée là, derrière cette fenêtre qui ne s’ouvrait pas, à la suite d’une erreur d’aiguillage et m’a dressé ordonnance verbale de me tenir à distance de mes co-malades navrants, et entre des séances d’intraveineuses pour me rendre forces de faire ami/amie avec les soignants et de me promener, par autorisation spéciale, dans les environs. La lecture m’a pris un certain temps parce que les bords de route n’y étaient guère propices mais a suffi à me faire entrer, en les prenant un peu en désordre, dans le monde des lecteurs de Proust.

Devant les deux premiers de mes rares Pléiade, le tome 1 des mémoires de Saint-Simon et le Montaigne, offerts par mes grands parents, sur ma demande, comme cadeaux de Noël les années de mes 16 et 17 ans, je n’ai pas besoin de me souvenir, ils le font. Surtout le Montaigne que j’ai pendant des années mis dans ma valise de vacancière et qui porte, taches, pliures, brins d’herbe et autres, traces de mes moments d’absence en sa compagnie et je souris en pensant aux débuts de matinées où, à plat ventre sur l’herbe rare d’une Cité Scolaire, route de Montfavet me semble-t-il, où nous étions hébergés avec les Cemea (ne sais plus comment j’en étais arrivée à découvrir la possibilité de les rejoindre) lors d’un festival d’Avignon, je piochais dans sa pensée, ses lectures etc…  en attendant que nous partions avec quelques amis professeurs et un grand hindou ne parlant à peu près pas le français, arrivé là par mystère, chargé d’un oreiller pour amortir le contact de mes fesses pointues et des bancs qui meublaient alors les premières salles du off naissant, circuler entre rencontres, lectures et spectacles.

Et pour le poème du jour, parce que j’ai retrouvée cherchant un autre livre ce matin, le livre Poésie/Gallimard réunissant avec d’autres textes de Pascal Quignard sa traduction d’ »Alexandra » de Lycophon et de quelques fragments de Zétès en reste à un très très  court fragment (qui m’a sauté aux yeux en feuilletant)

Fragment LXII (2)

(…) Ils transportent le soleil qui joue dans le seau qui est plein

mais ne l’introduisent pas dans la cave.

jeudi, mai 02, 2024

Humidité, petit cortège, muguet voyageur et poème



Parce que je ne peux rien contre le monde tel qu’il va, juste pour accompagner, m’en suis allée quelques minutes avant dix heures, mon expérience me disant que ce retard serait compensé par le plus grand retard de l’ensemble, sous ciel gris et mort qui va bien à l’humeur un rien désolé de beaucoup, dans un air chargé d’eau qui ne tombait pas ou sans autre marque que l’humidité des sols, vers le haut de l’avenue Jean Jaurès 



rejoindre le petit cortège du premier mai en ce jour qui est en principe celui des luttes des travailleurs…




Comme étaient prudents

ceux qu’avaient des parapluies

les tenaient ouverts

mais c’était inutile 

marchions au sec sans cela.



Parce qu’il en restait quelques-uns à vendre ai acheté à la Cgt un petit pot de muguet et parce que je déteste cette fleur mais que cela porte bonheur suis arrivée à le faire accepter par une amis rencontrée qui a décidé de le déposer  Rosmerta dans l’après-midi.




Jour où n’arrivais pas à écrire, ou j’ai fait un peu de tri,  vêtements et papiers, reconstitué pagaille autre, enfin presque, beaucoup feuilleté, lu quelques lignes, aimé mais cherché plus loin, ouvert, lu, aimé ou non, dormi, repassé un peu, écouté une leçon de William Marx, flotté. Et comme pour le poème du jour j’hésitais… j’ai comme souvent trouvé mon miel dans le recueil de « Poètes grecs du 21ème siècle » choisis et traduits par Michel Volkovitch chez publie.net, et parmi les plus courts, parce qu’il m’allait bien, ai choisi d’Athina Papadàki

Contradictions

« Je marche pieds nus

entre les escargots d’automne,

ne pas les écraser.

Je dois prendre mes distances

avec la rudesse de l’époque.

D’ailleurs j’ai intérêt

à la douceur.

Qui sait,

plus tard peut-être,

je les ramasserai.

Mets délicieux. »

mercredi, mai 01, 2024

Rien que ce jour sans lumière et un poème

 



Jour qui se niait,

hésitait à exister…

Idées mortes-nées.



J’ai lancé une première phrase de plusieurs lignes pour débuter le #1 de la seconde série de l’atelier de Fran!ois Bon… me suis interrompue pour un pointage bancaire sans problème, ai été incapable de renouer… laisse reposer en espérant que le mois de mai me sera plus tonifiant.



Même les roses

d’ennui et lassitude

baissaient la tête.



Pour le poème du jour m’en suis allée dans les poèmes retrouvés figurant à la suite du condamné à mort et avant le funambule de Jean Genet chez Poésie/Gallimard à l’entrée desquels ai trouvé ce quatrain :

Dans l’antre de mon oeil nichent les araignées

Un pâtre se désole à ma porte et des cris

S’élèvent de la feuille angoissée où j’écris

Car mes mains sont enfin de mes larmes baignées